Le papyrus
du Livre des Morts d'Ani fut découvert à Thèbes
en 1887 par l'égyptologue anglais E.A.
Wallis Budge, et fut acheté par le British Museum en
1888 (British
Museum EA 10470).
Aucun autre document au nom d'Ani ne nous étant connu, les informations
le concernant sont limitées à ce que fournit son Livre
des Mort.
Le nom même
est probablement un diminutif, sans que l'on sache clairement de quel
nom il est dérivé. Ses titres sont ceux d'un scribe royal
d'assez grande importance :

véritable
scribe royal, scribe comptable des offrandes divines de tous les dieux,
chef des greniers des seigneurs d'Abydos, scribe des offrandes divines
des seigneurs de Thèbes.
Il
est par ailleurs aimé du seigneur du double pays sans qu'il soit
possible d'identifier ce roi.
Sa femme s'appelle Toutou
. Elle est
chanteuse d'Amon, un titre régulièrement porté
par des dames de haut rang au Nouvel Empire.
Sur le papyrus, elle est souvent figurée tenant le sistre
et la menat dans les mains.
En dehors des premières planches, comprenant des hymnes à
Rê et Osiris, elle apparaît à des endroits-clés
du développement du papyrus: psychostasie (planche 3), passage
par les portes du monde souterrain (planche 11), apparition devant les
tribunaux des dieux (planche 12), hymne à Osiris (planche 19),
deuxième psychostasie (planche 30) et arrivée aux Champs
Elysées (planche 34).
Comme la plupart des Livres
des Morts, le papyrus d'Ani ne fut pas spécifiquement
écrit pour lui. Les Livres des Morts étaient fabriqués
dans des ateliers spécialisés auxquels l'Egyptien s'adressait
pour se procurer un équipement funéraire. Ainsi, le texte
du papyrus est de la main d'au moins deux scribes, puisque le nom d'Ani
fut ajouté ultérieurement. Les textes et les vignettes
sont probablement exécutés par des personnes différentes
car, contrastant avec la qualité des vignettes, le texte n'est
pas exempt de fautes. Parfois, l'artiste des vignettes n'a pas laissé
assez d'espace pour le texte, de sorte que le scribe a dû empiéter
sur les bords (planche 14); ceci indiquerait que les vignettes furent
dessinées en premier lieu. Le deuxième scribe, dont la
tâche était d'insérer le nom du propriétaire
aux endroits prévus par le premier, n'a pas été
plus soigneux. Non seulement, par deux fois, il a oublié d'écrire
le nom (planche 12, registre inférieur) mais, à plusieurs
reprises, il a mal orthographié celui-ci.
Le texte et les vignettes du papyrus sont entièrement délimités
par une double bande rouge et jaune. La plupart des vignettes forment
une frise surmontant le texte. Les textes sont pour la plupart tracés
en écriture rétrograde. L'encre rouge, employée
pour mettre en valeur les titres des chapitres, permet de repérer
facilement la division en formules.
Les quatre premières et les deux dernières planches se
distinguent au sein du papyrus par la grandeur des vignettes, qui prennent
là toute la hauteur de la feuille de papyrus. Ces feuilles furent
peut-être ajoutées au papyrus après qu'Ani ait fait
son choix. Les hiéroglyphes de ces planches sont plus soignés,
moins cursifs que dans le reste du texte.
Il faut par exemple remarquer la différence entre le signe 'i'
écrit généralement
mais dans ces planches-ci .
De même, le poussin et la chouette sont écrits avec plus
de détails. Contrairement aux premières planches où
le nom d'Ani est toujours écrit dans le même style que
le texte dans lequel il apparaît, c'est-à-dire avec ,
dans l'avant-dernière planche, le même nom fut par deux
fois ajouté et écrit moins soigneusement au moyen d'un
plus cursif.
Pour préserver et exposer le papyrus, E.A. Wallis Budge, conservateur
du musée, n'hésita pas à le découper en
trente-sept feuilles qui furent encadrées séparément.
L'égyptologue se laissa le plus souvent guider par la séparation
des différents chapitres. Mais malheureusement, à des
endroits où les feuillets auraient été trop longs
ou trop courts, il ne recula pas devant un découpage anarchique.
Ainsi, des vignettes furent séparées de leur texte ou,
pire, certaines vignettes furent coupées en deux.
Avant son découpage, le papyrus mesurait environ 23 mètres
de long (sur 39 centimètres de hauteur), un document exceptionnel
pour assurer à Ani un voyage harmonieux vers l'au-delà.
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